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Où en est la Birmanie ?

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Des partisans du parti au pouvoir (l’Union pour la solidarité et le développement) lors de la campagne électorale
Des partisans du parti au pouvoir (l’Union pour la solidarité et le développement) lors de la campagne électorale

Ce dimanche 8 novembre, 32 millions d’électeurs birmans sont appelés aux urnes. Il s’agit du premier scrutin électoral depuis vingt-cinq ans dans un pays où la dictature militaire a perduré durant cinquante ans. L’enjeu principal est ainsi de confirmer la transition démocratique amorcée en 2011. Le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la Démocratie (LND) qui avait remporté les dernières élections libres de 1990 confisquée par les militaires est donné favori face au Parti de l’Union pour la solidarité et le développement (USDP). Les électeurs devront ainsi s’exprimer sur leur vision de la gestion du pays et notamment sur l’implication des militaires.  Si depuis 2011, le pays est gouverné civilement, de nombreux anciens militaires issus de la junte font partie du gouvernement de Thein Sein, lui-même militaire. En l’état, la Constitution du pays est largement favorable aux autorités militaires : 25% des sièges leur sont réservés au Parlement, leur octroyant ainsi un droit de véto. Si des observateurs internationaux seront présents afin de garantir la transparence du scrutin, une partie de la population en conflit avec le pouvoir ne pourra de fait y participer. L’accord de cessez-le-feu signé courant octobre avec une dizaine d’organisations séparatistes tient à l’écart une douzaine d’autres groupes. L’instabilité de zones comme l’Etat de Shan ou l’Etat Kachin est avancée afin d’écarter du vote des populations qui seraient défavorables au pouvoir.

Les défis à venir

Les élections législatives et provinciales du 8 novembre seront suivies de la désignation du Président du Parlement puis du Président en 2016. Nombre de défis vont alors se poser au nouveau gouvernement.  L’organisation même de l’Etat birman devra être repensée afin d’intégrer au mieux les minorités marginalisées du nord et de l’est du pays avec lesquelles subsistent des conflits armés. La situation très médiatisée ces dernières années des Rohingyas devra par ailleurs être résolue. Cette ethnie musulmane essentiellement établie à la frontière du Bangladesh ne dispose pas des mêmes droits que la majorité bouddhiste. Ils n’ont par exemple pas de droit de vote. Le caractère sensible de ce sujet au sein de la société birmane se reflète par le silence relatif des différents candidats. La LND d’Aung San Suu Kyi ne s’est par exemple pas exprimée clairement sur cette question au coût électoral important, alors qu’il s’agit d’une des préoccupations principales de la communauté internationale.

Du point de vue économique, la gestion des ressources du pays et notamment la répartition des revenus qui profite aujourd’hui essentiellement aux militaires se posera avec acuité à l’issue du scrutin. Le pays dispose par exemple de nombreuses mines, de bois, de gaz et de pétrole. Face à cela, le pays se classe au 150ème rang mondial en termes de développement humain (sur 187) et l’essentiel de la population vit en zones rurales (70%) et des revenus de l’agriculture. La transition vers l’économie de marché ainsi que la modernisation des structures financières afin de favoriser les investissements restent inachevées malgré les efforts de Thein Sein et les différentes législations adoptées (unification des taux de change, réforme de la Banque centrale, amélioration du cadre des investissements). Ce marché de plus 50 millions de consommateurs au potentiel touristique important demeure, malgré un taux de croissance de 8% en 2014, en marge du développement économique de la région. Le revenu annuel par tête est en Birmanie de 1270 dollars contre 5370 en Thaïlande. Des réformes plus approfondies conduisant à réviser le système foncier ainsi qu’à améliorer l’accès au marché du travail et la gestion de la main d’œuvre en favorisant la productivité du travail restent à mener.

 

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